Chauffer du plastique au micro-ondes : la face cachée d’un geste quotidien
Vous avez déjà remarqué ce petit logo en forme de micro-ondes gravé sous certaines boîtes ? Il semble nous dire que nous pouvons chauffer le contenant sans crainte. Mais si on creuse, ce pictogramme ne garantit ni la sécurité chimique, ni la neutralité pour la santé. Il signifie simplement que le plastique ne fondra pas (ce qui, en soi, est déjà une bonne nouvelle 😅).
Aujourd’hui, nous allons parler d’un geste banal que nous faisons tous sans y penser : réchauffer nos plats dans leur boîte plastique au micro-ondes. Ce geste anodin expose pourtant notre organisme à une chimie invisible. Zoomons sur les matériaux au contact des denrées alimentaires (MCDA) : ces contenants sont omniprésents dans nos habitudes de stockage et ils ne devraient pas céder aux aliments que nous consommons des substances susceptibles de présenter un risque pour notre santé.
Quand la chaleur réveille la chimie
Les contenants en plastique sont les plus utilisés pour conditionner nos aliments. Un plastique alimentaire n’est jamais chimiquement pur. Il contient, outre le polymère principal (polypropylène, polyéthylène, etc.), des additifs qui lui donnent souplesse, couleur, résistance… Ces constituants peuvent migrer du contenant vers les aliments ou même engendrer des produits de dégradation sous l’effet de la chaleur.
💬 « À trop forte puissance, le réchauffage au micro-ondes augmente le risque de migration des substances contenues dans les emballages vers les aliments. »
— ANSES, 2025 – Four à micro-ondes et substances chimiques des emballages alimentaires
Autrement dit, lorsque l’on réchauffe nos restes alimentaires dans ces contenants, ils sont susceptibles de libérer des substances nocives que nous consommerons. La migration est d’autant plus importante si la chaleur est élevée.
La DGCCRF ajoute que la migration dépend aussi de la durée du contact, de la nature de l’aliment (gras ou acide) et de l’état du contenant.
Le combo “vieux Tupperware + plat gras + micro-ondes fort” devient alors une expérience de chimie appliquée à votre lunch box.
Lire entre les chiffres : comprendre les codes du plastique
Sous vos contenants en plastique (mais aussi vos emballages alimentaires), vous trouverez le triangle de Möbius entourant un chiffre qui vous donne la nature du plastique. Certains d’entre eux ne devraient pas être utilisés pour conserver — et encore pire, pour réchauffer — vos aliments.
C’est le cas pour :
numéro 1 (PET) : présent dans les bouteilles en plastique, barquettes… et qui présente un risque de relargage d’antimoine (→ conservez vos bouteilles d’eau à l’abri de la lumière).
numéro 3 (PVC) : souvent présent dans les films plastiques, contenant des phtalates.
numéro 6 (PS) : souvent présent dans les barquettes à emporter.
numéro 7 : plastiques composites, souvent à base de bisphénols.
L’ensemble de ces numéros peuvent relarguer des microplastiques ou se dégrader en substances indésirables.
Les contenants siglés 2 et 4 sont plus stables et résistants, et présentent un plus faible risque de migration vers les aliments de par leur structure. Ils sont donc plus adaptés à la conservation des aliments. Comme pour tout contenant en plastique, il convient d’éviter une exposition à des températures élevées, qui favoriserait la dégradation et la migration de microparticules. Le numéro 5 peut aussi être utilisé selon les mêmes recommandations.
Les risques : faibles mais persistants
Oui, les migrations mesurées sont faibles. Mais les perturbateurs endocriniens n’obéissent pas à la loi du “plus on en met, plus c’est dangereux”. Ils agissent à faible dose, de façon chronique, et en interaction avec d’autres substances : c’est l’effet cocktail.
C’est pourquoi la vigilance se joue dans la répétition du geste : réchauffer un repas une fois n’est pas grave. Mais réchauffer chaque jour, plusieurs années, dans le même plastique, finit par laisser une empreinte invisible.
Les alternatives saines : verre et inox
Parce qu’il ne suffit pas de bannir le plastique, encore faut-il savoir par quoi le remplacer intelligemment.
Le choix du bon contenant, c’est un équilibre entre sécurité, durabilité et praticité au quotidien.
Et deux matériaux se démarquent clairement : le verre et l’inox.
Le verre : 2 familles, 2 niveaux de résistance
Tous les verres ne se valent pas. Derrière le mot “verre” se cachent en réalité différentes familles, qui n’ont pas les mêmes propriétés thermiques.
Ainsi, vous trouverez sur le marché des plats et contenants en verre trempé qui serviront à la conservation et au réchauffage au micro-ondes, mais qui ne supporteront pas la cuisson au four ni les changements de températures brusques (pas plus de 130 °C). C’est le cas des boîtes de conservation de la marque Luminarc* ou Duralex*, par exemple.
Ils seront moins chers que les contenants en verre borosilicate (silice + oxyde de bore), qui supportent très bien la chaleur et les écarts de température et qui pourront servir autant au stockage qu’au réchauffage au four. C’est notamment le cas des plats Pyrex*. Votre choix dépendra de leur utilité et de votre budget.
👉 En clair :
Trempé = stockage / micro-ondes doux
Borosilicate = cuisson / four / tout-terrain
Le fait qu’un verre “ne passe pas au four” ne signifie pas qu’il est de mauvaise qualité : cela veut simplement dire qu’il n’a pas été conçu pour supporter des températures supérieures à 150 °C, souvent à cause de sa conception. C’est une précaution juridique : les fabricants préfèrent interdire l’usage au four plutôt que de risquer une casse due à un choc thermique (plat froid mis dans un four chaud, liquide froid ajouté sur un plat brûlant, etc…).
*Toujours se référer à l’étiquette du produit pour vous assurer de sa qualité car certaines marques vendent ces deux types de verre.
L’inox alimentaire : la durabilité incarnée
L’autre grand champion du stockage, c’est l’inox 18/10. L’inox, ou acier inoxydable, est un alliage de métaux : principalement du fer (Fe) et du carbone (C), auquel on ajoute du chrome (Cr) et parfois du nickel (Ni).
La magie de l’inox vient du chrome : à partir de 10,5 %, l’acier devient inoxydable car le chrome forme une fine couche passive à la surface du métal qui empêche la corrosion. L’ajout de nickel renforce encore la résistance à la corrosion, aux chocs et aux rayures.
C’est un allié santé certain :
Aucun relargage de particules ni de molécules toxiques
Insensible à l’acidité et au sel (sauf en cas de stockage long)
Résiste à la chaleur et au froid
Ne garde ni goût ni odeur
Recyclable à l’infini
Vous pouvez donc l’utiliser pour le stockage au frigo, à température ambiante ou pour la congélation. Cependant, la plupart ne peuvent être utilisés au micro-ondes (consultez la notice de vos produits). Évitez les modèles bas de gamme en inox 18/0.
👉 Pour aller plus loin, un article de blog est présent sur mon site sur l’inox et comment bien le choisir.
Les bons gestes pour limiter votre exposition au quotidien
Vous avez compris le pourquoi. Voyons maintenant comment agir concrètement, sans que cela ne devienne un casse-tête au quotidien.
1️⃣ Chauffez sans plastique, toujours !
Transvasez vos plats dans un récipient en verre avant de réchauffer. Le micro-ondes n’est pas un ennemi : c’est l’alliance micro-ondes + plastique qui pose problème.
2️⃣ Utilisez vos boîtes en plastique uniquement à froid.
Stockez-y les aliments au frigo ou au congélateur, jamais chauds. Et dès qu’elles blanchissent, se rayent ou deviennent collantes : poubelle.
3️⃣ Regardez le numéro sous la boîte : privilégiez les numéros 2 et 4.
Évitez les plastiques n° 1, 3, 6 et 7. Si vous n’avez pas d’autre choix, limitez-les au stockage à froid, sans contact avec les graisses ni les acides.
4️⃣ Passez progressivement aux matériaux inertes.
→ Verre trempé pour le stockage
→ Borosilicate pour la cuisson
→ Inox pour le batch-cooking et le transport
C’est le trio gagnant : sain, durable, esthétique.
5️⃣ Ne versez jamais un plat brûlant dans une boîte plastique froide.
Attendez qu’il tiédisse. Les chocs thermiques accélèrent la dégradation des matériaux.
6️⃣ Entretenez vos contenants en plastique avec douceur.
Évitez les éponges abrasives.
7️⃣ Privilégiez des puissances plus faibles au micro-ondes.
Allongez la durée de réchauffage si besoin.
8️⃣ Ne réutilisez pas des contenants abîmés, rayés… ou des bouteilles en plastique.
Revenir au bon sens
Nul besoin de diaboliser le plastique, mais il faut réapprendre à l’utiliser avec discernement. Le micro-ondes n’est pas un ennemi : c’est le couple micro-ondes + plastique qui pose problème. Revenir au verre, à l’inox, au silicone platinium, c’est simplement une façon de reprendre le pouvoir sur ce que l’on ingère et de limiter nos expositions environnementales pour une santé durable.
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📚 Références
ANSES (2017) — Four à micro-ondes et substances chimiques des emballages alimentaires.
DGCCRF — Les matériaux au contact des denrées alimentaires.
EFSA Journal (2023) — Évaluation des risques liés aux matériaux de contact alimentaire
France Assos Santé (2015) — Ustensiles et contenants alimentaires : faut-il craindre la migration des produits toxiques dans notre nourriture ?